En 2010, la Chine, un pays en voie de développement, a dépassé le Japon pour devenir la deuxième plus grande économie du monde et toutes les projections des analystes prévoient qu’elle dépassera bientôt les Etats-Unis pour prendre la tête des économies mondiales.
La Chine, comparée aux autres pays en voie de développement (BRICs)
Si le secret d’une croissance économique rapide était simplement un faible coût de la main d’œuvre et un grand marché intérieur, les autres pays en voie de développement suivraient la voie tracée par la Chine. Cependant une comparaison rapide des performances de développement de la Chine avec les autres BRICs (Brésil, Russie, Indes) montre qu’il y a des facteurs uniques expliquant les performances de la Chine.
Ensemble, les 4 pays BRIC (terme créé par un analyste de Goldman Sachs et définissant un groupe de pays avec des caractéristiques de développement équivalentes) représentent 40% de la population mondiale, couvrent un peu plus d’un quart de la surface habitée de la terre sur 3 continents et comptent pour plus de 25% du PIB mondial. La Chine a officiellement invité l’Afrique du Sud à rejoindre les BRICs en 2010.
Quelques indices économiques aident à mettre les performances économiques de la Chine et des autres BRICs en perspective. Entre 2000 et 2008, la part de l’économie mondiale représentée par les BRICs a augmenté de 16 à 22%, avec les quatre pays contribuant pour 30% à la croissance économique mondiale. La Chine à elle seule représentait plus de la moitié de la contribution des BRICs avec une part de plus de 15% dans la croissance de la production mondiale.
Le graphique ci-dessous compare la croissance du PIB et la participation à la croissance mondiale par rapport au reste du monde et par rapport aux pays en voie de développement.
La différence chinoise
Malgré les efforts des analystes pour lier la Chine et les autres pays du BRIC, l’échelle de l’économie chinoise et la rapidité de son développement la mettent à part. Le graphique ci-dessous compare les indices économiques clés et de développement des pays du BRIC dont le PIB et l’Index de Développement Humain.
Alors pourquoi l’économie chinoise dépasse-t-elle les autres BRICs et pays en voie de développement ? Il y a bien sur de nombreux facteurs qui influencent les performances économiques et la prospérité des pays dont la politique et l’éducation par exemple.
Dans le cas de la Chine, une longue histoire de prospérité ne peut pas être ignorée comme élément clé de son développement rapide et de sa ré-émergence sur l’échiquier mondial. Tandis que de nombreux pays, dont l’Inde et la Russie ont fait face à de profondes restructurations territoriales au 20ème siècle, l’unification de la Chine remonte au 2ème siècle avant J.C. Bien que pendant les 2 000 ans qui ont suivi la Chine ait connu des hauts et des bas politiquement, elle a fait partie des grands pouvoirs du monde pendant toute cette durée, à l’exception de 200 ans. Pendant ce temps, la civilisation chinoise a donné naissance à quelques unes des inventions les plus importantes de l’histoire du monde telles que le papier, l’imprimerie, la poudre à canon et le compas.
Vision et planification
Au delà de ce capital historique, un facteur du succès de la Chine auquel on prête peu attention est l’effet des efforts concertés et coordonnés du pays à définir une vision et mettre en place des plans de développement à long terme. Le penchant de la Chine pour la planification est visible dans de nombreux secteurs dont certains qui sont à la une des médias internationaux :
– Ressources naturelles : Les effort agressifs de la Chine pour acquérir des droits sur des ressources naturelles partout dans le monde a attiré l’attention des médias. Pour un si grand pays, la Chine a étonnamment peu de ressources naturelles qui sont si importantes pour soutenir la croissance économique. Quelques exemples récents : investissements en Afrique et Australie pour des minéraux et en Asie du Sud pour les gaz naturels
– Terres rares : La récente position dominante de la Chine sur le marché des terres rares remonte à la vision de Den Xiaoping en 1982 que les terres rares pourraient être pour la Chine ce que le pétrole a été pour le Moyen-Orient. Depuis les années 80, la Chine a investi lourdement pour développer cette industrie et ses infrastructures.
– L ‘énergie verte : La Chine comprend le besoin de développer des sources d’énergie propres pour compenser son manque de ressources naturelles et limiter les risques pour la santé causés par la pollution accompagnant son industrialisation et urbanisation.
– Les vélos : La Chine domine le marché mondial du vélo depuis les efforts des communistes de donner 3 choses à tous les chinois : une machine à coudre, un vélo et une montre. Depuis 1970, la Chine domine le marché mondial et depuis 1991 l’objectif du pays est d’être le leader du marché des vélos électriques.
Ce qu’il faut retenir ici n’est pas le bénéfice d’une économie étatique ou interventionniste. Ce qu’il faut retenir de l’expérience chinoise est que c’est faire preuve de bon sens de planifier pour réunir les conditions nécessaires au développement.
Sources : Goldman Sachs, World dataBank, UNDP Human Development Report, International Money Fond, The Economist, Global Sherpa